Vo Dao Vietnam
Kung Fu Viet nam

kung fu sino-vietnamien

 

PHILOSOPHIE ET SES APPLICATIONS

L'art martial vietnamien est un Art de guerre, qui s'est forgé au cours de l'Histoire de Viêt-Nam. Ses techniques sont redoutables et parfois mortelles.

 

On comprend donc aisément que "philosophie" et "pratique des arts martiaux vietnamiens" sont indissociables afin d'éviter de nuire à autrui en employant à mauvais escient l'enseignement acquis.D'autre part, la maîtrise de l'Art et sa pratique à long terme se révèlent étroitement liées à l'application des principes philosophiques. Les arts martiaux vietnamiens sont le témoignage historique et culturel du mode de vie du peuple vietnamien, à 80% bouddhiste etéduqué selon les préceptes du Confucianisme. La pensée vietnamienne au quotidien adopte ainsi les trois courants spirituels sur lesquels repose son art martial :

  • Le Taoïsme
  • Le Confucianisme
  • Le Bouddhisme
Nombreux sont ceux qui connaissent ces trois religions et leur rapport avec l'art martial mais peu de gens connaissent leurs applications concrètes tant sur le plan technique que sur le comportement inhérent à un pratiquant véritable.Tout d'abord, le TAOISME inculque à l'Homme des préceptes respectant la loi Universelle. Selon le Taoïsme, se conformer au rythme universel est le fondement de la sagesse. L'être humain doit donc s'adapter rituellement et hygiéniquement à l'alternance des saisons, du Yin et du Yang (âm et duong) de façon naturelle et aussi inéluctable que la succession des nuits et des jours. Ceci lui permettant de préserver sa santé et de vivre en harmonie et sans heurts avec ses pairs.Concernant l'art martial, ces principes s'appliquent directement à l'enseignement technique.Par exemple, le Taoïsme est centré sur l'idée du "Vide" et du "non-agir" (Wou Wei ou Vô Cuc). Cette attitude signifie l'absence de désir, de pensée et donc de toute agressivité ou émotion pouvant nuire à autrui ou troubler le calme de l'esprit.Ce concept permet de faire face à n'importe quelle attaque, l'esprit demeurant clair et la réaction spontanée.

Citons aussi le paradoxe " le souple et le faible l'emportent sur le dur et le fort". Un des symboles illustrant cette idée est l'eau.

"Rien ici-bas n'est plus souple, moins résistant que l'eau pourtant aucun rocher, aucune montagne qu'elle ne puisse traverser".

Certaines Ecoles, comme l'Ecole HÔNG-QUYÊN développent leur technique sur cette "non résistance", sur la fluidité afin de compenser les inégalités physiques des pratiquants.Enfin, le Khi công et le travail respiratoire sont des méthodes physiques enseignées dans le Taoïsme. Au-delà de l'entretien de la santé, l'art martial utilise aussi cette "science" pour renforcer les muscles internes.Bref, la "voie" des taoïstes est en résumé de retrouver l'harmonie entre les êtres et les éléments de l'Univers. La "voie" selon le CONFUCIANISME désigne plus spécifiquement la "Voie des Anciens". La pensée de Confucius modèle un idéal de l'Homme et de l'Homme seulement, selon un concept pratique.Son enseignement est donc plus concret et plus proche de la vie quotidienne. Confucius détermine les règles du devoir que se doit d'adopter un homme complet,Pour citer quelques-uns uns des fondements de son enseignement, voici quelques vertus incontournables : humanité, loyauté envers soi-même et envers les autres, fidélité à la parole donnée, discernement, courage, etc. Ces valeurs morales doivent guider le pratiquant, afin d'orienter de façon juste ses actions et décisions et de maîtriser son savoir martial. Confucius prône aussi le respect des Anciens, dans le sens où se souvenir du passé aide à comprendre le présent et à construire l'avenir. L'homme doit donc être reconnaissant de l'héritage culturel de ses Ancêtres.

Dans l'art martial vietnamien, les techniques sont transmises de générations en générations, depuis plus de 4500 ans. Il convient donc de respecter leur grande valeur, en évitant de les modifier ou de les adapter.

La doctrine confucianiste comporte aussi de multiples préceptes stratégiques utilisés dans l'aspect technique de l'art martial qui ont encore enrichi sa pratique.

Enfin, la notion de devoir, selon le BOUDDHISME, est encore différente. Le devoir s'accomplit notamment par la bonté, la tolérance, l'amour de tous les êtres, la capacité de pardon, etc.Il obéit à une logique de retour perpétuel. Au quotidien, on peut parler de "donner et recevoir", on récolte ce que l'on sème...Son influence dans l'art martial inculque au pratiquant la maîtrise de ses connaissances dangereuses pour autrui et tempère la notion guerrière de son Art.

L'influence de ces trois courants spirituels que nous venons d'évoquer constitue donc une philosophie à part entière de l'art martial vietnamien. A l'heure actuelle, malgré la richesse inépuisable de ces enseignements, de nombreux pratiquants ne les respectent guère, peut-être en raison d'une mauvaise interprétation ou d'un manque de connaissance.

D'autres paramètres dévient aussi l'attitude de certains, comme la recherche du pouvoir. Cette quête pour un poste important, pour l'exercice d'une quelconque autorité fausse les valeurs morales essentielles, la sincérité, l'humilité ou encore le respect d'autrui.D'autres encore n'ont pour seul objectif que l'obtention de récompenses, grades, titres de "maître", la ceinture noire (grade inexistant dans les arts martiaux traditionnels vietnamiens). Bref, la partie visible de tous, qui gonfle l'autosatisfaction et nourrit l'égocentrisme.L'ambition de progression d'un pratiquant est légitime. Mais la recherche "à n'importe quel prix" de reconnaissance fait parfois oublier le comportement inhérent à ce que l'on prétend être !De nos jours, l'appellation "Maître" est utilisée abusivement et a perdu toute sa valeur. Pire encore, l'illustration qu'en donne ceux qui se sont nommés "Maître" à des fins commerciales ou de vanité dénature la représentation pour les néophytes de l'Art Martial lui-même et ses principes traditionnels. La perte de ces valeurs, afin de privilégier son profit personnel, engendre bien sût le manque de tolérance, l'envie, la jalousie...On constate à l'heure actuelle presque plus d'intolérance dans le monde des arts martiaux en général que parmi les non-pratiquants !

Un exemple de ce constat est l'état des fédérations actuelles et les guerres internes qui s'y déroulent.

Une Ecole est puissante aujourd'hui proportionnellement au nombre de ses licenciés, la valeur d'un enseignant se mesure à la quantité d'élèves "ceinture noire" qui l'entoure.

- " Ne te soucie point de n'avoir pas de poste mais veille plutôt à t'en rendre capable.

Ne te soucie point de n'être pas connu mais veille plutôt à t'en rendre digne"

- " Aller trop loin ne vaut guère mieux que pas assez".

Il y a 2500 ans, Confucius enseignait déjà ces règles de conduite.

La finalité de la pratique de l'Art Martial est d'aider les pratiquants à devenir des hommes complets, physiquement et mentalement, dotés de valeurs morales qui les rendent respectables, loyaux et dignes de confiance. Dans l'absolu, un pratiquant de l'art martial vietnamien devrait être un exemple, un modèle d'humilité, de persévérance, de simplicité et de tolérance.Nous ne sommes que des êtres humains, mais :

" commettre une faute et ne pas s'en corriger, c'est là la vraie faute"(Confucius).

A méditer............................

 

 

©Thieu Lam Hong Quyen Vuong Gia Phai
75, ave du Palais des Expositions
66000 PERPIGNAN

 

 

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